Erik Vacquier

Portraits au pays des hommes intègres

Qu’est-ce qui vous attire particulièrement en Afrique?

Ce sont réellement ces circonstances précises qui m’ont amené en Afrique, que je découvrais, et plus particulièrement au Burkina 

La prise de vue a-t-elle posé des difficultés particulières?

Oh oui ! C’était bien la première fois en 20 ans de pratique et de voyages que j’ai éprouvé autant de difficultés à réaliser des photographies… la résidence s’étalait sur un mois, et je n'ai vraiment commencé à « prendre » (c’est le juste mot) des photos qu’à partir du 13ième jour. Je découvrais un rapport à la photographie que je n’avais jamais rencontré auparavant. Il s’avérait impossible de sortir l’appareil photo sans me retrouver de suite agressé verbalement ou sollicité pour donner de l’argent en contrepartie. J’ai, dans un premier temps, pris des photos, le Leica autour du coup, ou la lanière posée sur l’épaule, et sans viser, au jugé.

Puis une fois des contacts pris au fil du temps, je demandais aux personnes de poser pour moi un bref instant. Je réalisais entre 2 et 3 prises de vue en général pour chaque personne, et je faisais signer une autorisation afin de garantir les droits relatifs à l'image pour l'un et l'autre.. En fait cette résidence a été réalisée « à l’arrache » d’un bout à l’autre, de la prise de vue jusqu’aux tirages de l’expo. 

En quoi le format utilisé a-t-il son importance pour ces photographies ?

On s’accorde toujours à penser que le format carré est adapté au portrait, mais je n’ai jamais eu ce genre d’a priori puisque j’ai toujours réalisé des photos avec divers formats, selon l’humeur du moment et les sensations. Il se trouve que je souhaitais revenir à une précédente démarche, en Birmanie notamment, où j’avais réalisé la plupart des portraits avec cet appareil, car dans ces pays où le numérique a pris place en tous lieux, ce genre d’engin a quelque chose d’intemporel, peut être rejoint-il un peu la magie de la photographie pure... et en plus, côté magie, l’Afrique s’y connaît ! Le sujet de la résidence était « Des hommes qui marchent »… qui marchent pas seulement d’un point à un autre, mais surtout dans leur tête, pour tenir debout, affronter le quotidien, leur passé, le présent, et tenter de construire quelque chose qui puisse ressembler à un futur. 

Je suis donc parti de « La parole des baobabs », à savoir celle portée par les vieux sages dont s’inspirent les nouvelles générations, cette parole qui peut, parfois également, quelque peu brider les désirs des jeunes de vivre autrement, en raison de la grande déférence qu’ils portent aux anciens. De là je suis allé vers les jeunes. Entre les deux il y a tout le mouvement de la vie et son impermanence, que j’ai tenté de transcrire par ce filé d’images réalisées au « Leica en mouvement » (en fait, dans ce cas précis je photographiais ma marche !) ainsi que par le mouvement de danseurs du centre chorégraphique EDIT, dirigé par Irène Tassembedo (une élève de Maurice Béjart).

Il y a de la gravité et de l’inquiétude dans ces portraits. A quoi pensez-vous en regardant vous-mêmes ces images?

A l’espoir de tout un peuple qui devrait surtout être porté par sa jeunesse, qui a besoin de se trouver une voie pour fleurir le futur proche de belles et bonnes choses. 

Diriez-vous que vous êtes un photographe humaniste?

Je n’ai jamais su ce que j’étais ! Probablement un peu de ce que les autres me renvoient en voyant mes photos où en lisant les pages de mon journal de route. J’essaie de croire en l’homme, bien qu’il m’arrive aussi de le détester parfois. J'essaie d'abreuver cette croyance par le biais, entre autre, de la rencontre photographique. 

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